Mon frère,
Je ne sais même pas pourquoi j’écris cette lettre que tu ne recevras jamais.
Après tout, tu es mort. Alors à quoi bon écrire une lettre à un mort ? D’ailleurs, est-ce vraiment toi qui es mort ? Parfois, je me demande si ce n’est pas plutôt moi. En tout cas, si c’est vraiment toi qui es parti, une partie de moi est partie, elle aussi.
Tu te souviens de ce conte que nous lisions enfants : le conte des trois frères. On trouvait que c'était cool de la part de la mort, de donner tous ces cadeaux aux frères Peverell. Moi, je trouve que la mort, c’est une enfoirée de première. Elle ne fait que des ruses pour tous nous avoir. Elle t’a convaincu qu’il fallait sauver le monde de la magie mais tout ça c’était juste une ruse pour te voler. Elle était jalouse de moi, jalouse que j’aie un frère aussi extraordinaire. Elle m’a ôté la seule personne dont j’avais vraiment besoin, la seule personne qui pouvait me comprendre.
La vie n’a pas de sens sans ta présence.
Ne disait-on pas que nous étions une paire ? Les chaussures, par exemple, vont par paires. A-t-on déjà vu quelqu’un qui ne portait qu’une seule chaussure ? Non, bien sur que non ! On ne sépare pas une paire de chaussures… On ne sépare jamais les paires.
Avant, nous étions deux, mais en fait, nous n’étions qu’un. Maintenant, je suis seule, et je ne suis plus personne. Je ne vis plus, je ne fais que survivre : je mange, je dors et je bois.
Tu vois, c’est comme si j’étais un satellite qui avait été désatellisé : j’ai quitté mon orbite et je suis devenu un satellite qui flotte dans le néant, et qui ne tardera pas à heurter la terre. Je souffre. Je souffre en silence, plongée dans mon désarroi. Dans ma tête, tout est confus. Je crois que je deviens folle.
Je recherche le bonheur, mais tu sais, je sais très bien où le trouver : il est avec toi. Et je sais bien que ma douleur ne cessera que lorsque je serai auprès de toi. Ma vie ici ne tient plus qu’à un fil. Et ne t’en fais pas, je te rejoindrai quand il en sera temps.
Je ne me remettrai jamais de ta disparition, car tu étais tout pour moi : mon jumeau, mon frère, mon ami, mon confident, mon complice, mon autre moi. Il n’y a pas une seconde durant laquelle je ne pense pas à toi. Comme quoi, la phrase qui dit que ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers est vraie. Mais qu’est-ce que j’aurai aimé qu’elle soit fausse.
La nuit est devenue sombre et pleine de terreur. 🌙
Felipe Ojeda
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